Si vous avez lu mes deux derniers articles sur le PCT, vous êtes maintenant rassuré quant aux animaux et vous savez repérer les plantes à éviter.
Commençons par rappeler que le risque de mourir ou de se blesser séverement sur le PCT est faible. Il n’est pas nul pour autant, et voilà les vrais dangers que vous rencontrerez sur le PCT, ainsi que les épisodes tragiques les plus récent en exemple.
1.Les Chutes
Ce sont les causes les plus fréquentes de décès sur le PCT. J’ai déjà parlé du dernier décès (avant mon départ en 2022), sur le mont San Jacinto en 2020. La neige, le verglas peuvent rendre certains passages dangereux. Le trail est parfois pentu, étroit, abîmé par les intempéries des saisons passées, barré par des arbres tombés sur la piste. Il faut surtout s’assurer que l'on connaît les mesures de sécurité dans la neige, savoir utiliser un piolet est fortement conseillé. La plupart d'entre nous utilisions des micro-crampons de course, ce qui va faire hurler les alpinistes, et de fait, ils ne sont pas vraiment utiles dans les passages les plus dangereux.
Il est aussi très important de savoir attendre ou renoncer à partir si les conditions météorologiques sont mauvaises. Vous serez très régulièrement au-dessus de 3000m, et une tempête de neige change drastiquement l'expérience de marche. Il est aussi dangereux de partir sans savoir utiliser son matériel, mais normalement, vous pourrez vous entraîner et demander à d'autres randonneurs en cours de route.
Je suis bien placé pour savoir qu’une chute même non mortelle peut avoir des conséquences sur la poursuite de la randonnée.
2.Traversée de rivières :
En 2017, deux randonneurs sont morts par noyade.
Les conditions de traversée des rivières peuvent changer d'heure en heure. Parfois les conditions sont plus favorables le matin, quand la neige n'a pas encore fondu. Par contre, après des pluies, même peu importantes, les traversées peuvent être beaucoup plus dangereuses dans les vallées, les torrents gonflent rapidement. Vu la vitesse des courants, de l'eau au niveau des genoux peut déjà suffire à vous déséquilibrer, d'autant que le sol est inégal et glissant. Une amie à nous a failli être emportée un jour avant que nous passions une rivière, mais quand nous sommes passés, le risque avait déjà fortement diminué. Moi, j'ai le souvenir d'avoir dû faire marche arrière en faisant le moonwalk un jour où j'étais seul et je n'avais pas compris les consignes de mes amis et que j'avais le Covid.
Les chutes d'arbres/de branches : Tous les randonneurs savent que dormir en dessous des arbres présente un danger : les branches mortes peuvent se détacher, et certains arbres peuvent carrément tomber, notamment en cas de vent. Avant de poser votre tente, il faut toujours vérifier votre environnement, mais il n'est pas toujours possible de tout contrôler. J'ai le souvenir d'un soir où j'avais parcouru 55 km. En arrivant au campement, tout était occupé sauf deux emplacements situés juste sous un arbre. Il a fallu faire un choix. Je n'avais tout simplement plus les jambes pour continuer, et il n'y avait aucun vent ; cependant, je n'étais pas serein en posant ma tente. Après une telle distance, par contre, j'ai dormi comme un bébé.
Les causes médicales :
La plupart sont difficiles à confirmer. En 2022, une marcheuse est morte près du col Forrester, pour ce qui est suspecté d'être un mal aigu des montagnes. Cette cause a depuis été confirmée par l’autopsie. La jeune femme ne présentait pas de problèmes de santé connus, et la mort a été brutale, à l'un des endroits les plus élevés du PCT, alors qu'elle avait déjà gravi le mont Whitney (4800 m) la veille.
Précédemment, deux personnes sont suspectées d'être mortes des suites de coups de chaleur. Savoir reconnaître les signes et savoir comment réagir en cas de coup de chaleur doit être discuté avec votre médecin. Cependant, je suis la preuve que même si vous êtes médecin, cela peut vous arriver.
Les symptômes les plus fréquents sont une sensation de chaleur (vous n'aurez pas de thermomètre pour vérifier l’hyperthermie), une peau sèche qui devient rouge, une sensation de vertiges et de confusion, une respiration rapide et un pouls rapide et faible.
Officiellement, personne n'est mort d'hypothermie sur le PCT, mais cela peut survenir, surtout si vous êtes mouillés, la nuit. En effet les équipements en duvet ne conserve la chaleur que quand ils sont secs.
Les symptômes les plus fréquents sont des frissons, une peau froide qui peut prendre une couleur bleutée, un engourdissement, une sensation de fatigue, une confusion, une difficulté à articuler ou à parler clairement, une respiration et un pouls qui se ralentissent, une perte de coordination.
Je liste ces symptômes non pas pour faire de vous des médecins, mais pour que vous puissiez les reconnaître, notamment si vous voyez quelqu'un qui présente une confusion. Il ne faut pas hésiter à demander de l'aide immédiatement, et à rester avec la personne jusqu'à ce que les secours arrivent.